Musée des Arts et Traditions populaires

La Zaouïa Rahmania prend vie vers 1774 sur les instructions du fondateur de la confrérie Sidi Mohamed Ben Abderrahmen. Celle-ci fut implantée à El Kef par Mustapha Trabelsi, remplacé par Ahmed Ben Ali Bou Hajjar, originaire d'Oran, considéré comme le véritable fondateur de la Zaouïa Rahmaniya d'EI Kef.

La Zaouïa a été dotée d'annexes : Tourba, mosquée et medersa. C'est autour d'elle que s'est organisé le quartier des confréries puisqu'elle jouxtait les résidences des Aïssaoui et la petite mosquée de Sidi Ammar Bousenna, siège des Ammaria. Elle était aussi contiguë à certains biens de la Kadriya. Tout au long du XIX siècle, elle connaît un développement remarquable et compte plusieurs milliers de membres, quand, en 1860, Sidi A li Ben Aïssa, petit-fils du frère de Sidi Ahmed, prend la direction de la Zaouïa. Sidi A li Ben Aïssa, adversaire de l'intervention française en 1881, a marqué l'histoire d'EI Kef. Il fut un membre très actif du Néo-Destour. Son fils Hamda a continué à diriger une confrérie déclinante.

L'ensemble architectural de la Zaouïa Rahmaniya, remarquable par l'absence du minaret de sa mosquée, est caractérisé par son apparence sobre et massive, soulignée par la hauteur des murs et la taille des coupoles. L'enseignement de la Rahmaniya,prônant le dépouillement, trouve  dans  cette  austérité  apparente  sa meilleure expression.

En la visitant, on peut admirer la décoration intérieure des bâtiments de l'ancienne Zaouïa, qui a été transformée en 1970 en un musée régional des Arts et Traditions populaires. Il abrite une riche collection d'objets ethnographiques et d'artisanat traditionnel de la ville d'EI Kef et de sa région.
En entrant dans la Tourba, on trouve exposés de superbes bijoux féminins et des costumes de mariées d'EI Kef. Sous une tente de nomades sont présentés le mobilier et les instruments nécessaires aux activités des nomades et des sédentaires.

Une ancienne école coranique est réservée à l'art équestre. Dans les anciennes écuries, on découvre, entre autres choses, la poterie villageoise et ses productions variées.
Dans d'autres salles, on reconnaît les métiers exercés autrefois dans les souks : forgeron, meunier, tisserand, teinturier ; on y voit aussi un kouttab (école coranique) et on y découvre certains aspects de la médecine populaire.

Cette présentation muséographique agréable et instructive restitue bien des aspects d'un mode de vie qui, sans elle, auraient disparu à jamais. 

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